2025 : La fin annoncée de la ‘’Françafrique’’ ?

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L’année 2024 s’est clôturée sur un climat d’incertitude pour la France dans ses relations avec ses anciennes colonies africaines. L’expulsion successive des forces militaires françaises par plusieurs pays sahéliens et la redéfinition des relations commerciales marquent une rupture historique, posant une question fondamentale : la politique d’ingérence française en Afrique, communément appelée « Françafrique », est-elle en train de toucher à sa fin ?

Depuis les indépendances africaines des années 1960, la « Françafrique » symbolise une relation ambiguë, souvent décriée, entre Paris et ses ex-colonies. Soutien tacite à des régimes autoritaires, coups d’État orchestrés dans l’ombre, détournements de fonds et financements illégaux : autant de pratiques qui ont nourri cette relation paternaliste. Si cette politique a permis à la France de maintenir une influence stratégique et économique sur le continent, elle a également alimenté des frustrations croissantes dans les sociétés africaines.

L’année 2024 a vu une accélération des ruptures diplomatiques entre Paris et plusieurs pays africains. Après le Mali, le Burkina Faso et le Niger, où les soldats français avaient déjà été priés de partir, le Sénégal et le Tchad ont rejoint le mouvement. La décision du président sénégalais Diomaye Faye de demander le retrait des 350 soldats français stationnés sur son territoire marque une rupture symbolique. Le Sénégal, considéré comme un bastion de l’influence française en Afrique de l’Ouest, représentait un pilier stratégique pour Paris tant sur le plan militaire qu’économique.

Le Tchad, autrefois un allié clé dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, a également mis fin à ses accords militaires. Ce désengagement s’ajoute à une dynamique régionale où l’influence française recule face à des gouvernements qui revendiquent une souveraineté plus affirmée. Dans un contexte marqué par la montée des sentiments anti-français et un rejet des modèles néocoloniaux, la France semble perdre sa légitimité auprès des populations locales.

Face à cette vague de rejet, le président Emmanuel Macron s’est rendu en décembre à Djibouti, où la France conserve sa dernière base militaire majeure sur le continent. Lors de cette visite, il a évoqué la nécessité de « redéfinir » le rôle de cette base, non plus comme un outil d’ingérence, mais comme un point de référence pour de futures missions ponctuelles.

Cependant, cette visite ne masque pas l’ampleur des défis auxquels Paris fait face. La France s’efforce désormais de réorienter sa politique africaine vers des relations strictement économiques, cherchant à s’étendre au-delà de sa sphère traditionnelle francophone. Ce repositionnement traduit une volonté de tourner la page de la « Françafrique », mais il reste à voir si cette transition sera acceptée par les acteurs africains.

Parallèlement, la Chine, la Russie et la Turquie renforcent leur présence en Afrique, offrant à ces pays des alternatives à l’influence française. Ces nouveaux partenariats, souvent perçus comme moins intrusifs, redessinent les équilibres géopolitiques sur le continent. Riad

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