Alors que les relations algéro-françaises traversent une période de tensions, Emmanuel Macron a opté pour un ton à la fois diplomatique concernant l’incarcération de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal. Lors d’une déclaration à Bruxelles, jeudi, en marge d’un sommet européen, le président français a exprimé son souhait d’une « issue rapide » au procès, tout en appelant à la « clairvoyance» de son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune.
Face à la sévérité des réquisitions du parquet de Dar El Beïda, qui réclame dix ans de prison ferme contre Sansal pour des accusations incluant « atteinte à l’unité nationale » et « outrage à corps constitué », Macron a reconnu la « gravité » de la situation. Toutefois, il a choisi de souligner le statut littéraire et la santé fragile de l’auteur, le qualifiant de « grand écrivain » et insistant sur la nécessité de le « voir retrouver sa liberté ». Par cette approche, le chef de l’État français évite une confrontation ouverte avec Alger tout en marquant son soutien implicite à Sansal.
En mettant en avant la dimension culturelle et les considérations sanitaires, Macron opère un pivot stratégique : il déplace le débat du terrain politique vers un cadre plus consensuel. Cette posture offre une porte de sortie aux autorités algériennes, leur permettant de reconsidérer la situation sans paraître céder à une pression extérieure. « J’ai confiance dans le président Tebboune pour comprendre que tout cela manque de sérieux », a-t-il déclaré, associant réalpolitik et appel à la raison.
Boualem Sansal, 75 ans, emprisonné depuis le 16 novembre 2023, est poursuivi pour des charges perçues par ses soutiens comme une criminalisation de ses prises de position critiques. Le verdict, attendu le 27 mars, pourrait influencer durablement les dynamiques bilatérales. En jouant la carte de l’apaisement sans occulter les désaccords, Paris tente de naviguer entre défense des valeurs et realpolitik, dans un dossier où chaque mot pèse. Riad