Africa Corps : nouvelle face russe au Sahel

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Le groupe paramilitaire russe Wagner quitte le Mali, où il était présent depuis 2021, et ses contingents seront réintégrés au sein de son successeur, l’Africa Corps, une autre organisation russe. Ce passage de relais reflète une reconfiguration savamment orchestrée par Moscou, visant à consolider son influence dans le Sahel.

L’Africa Corps, successeur direct de Wagner, est une organisation paramilitaire sous contrôle étroit du ministère russe de la Défense, intégrant les expertises du GRU, du FSB et du SVR. Contrairement à l’autonomie chaotique de Prigozhin, ce « Corps expéditionnaire russe » incarne une mainmise étatique plus rigoureuse, tout en poursuivant les mêmes objectifs : défendre les intérêts russes – minerais, influence géopolitique – à moindre coût. La mort de Prigozhin, loin d’affaiblir Moscou, a permis une rationalisation : après son élimination, son empire a été redistribué entre les services de sécurité, renforçant la coordination sous une bannière unifiée, l’Africa Corps.

Pourtant, les ambitions affichées – 20 000 à 40 000 hommes – semblent irréalistes. Les observateurs estiment à 6 000 le nombre actuel de mercenaires déployés, avec un potentiel de 10 000 contractuels. Début mai, les chiffres étaient stables : environ 2 000 au Mali, 1 600 en République centrafricaine, 100 à 300 au Burkina Faso, 100 à 200 au Niger, et une hausse notable en Libye, passant de 800 à 1 800. Ce recalibrage témoigne d’une stratégie pragmatique, ajustant les effectifs aux ressources et aux besoins, loin des objectifs initiaux démesurés.

Ce changement de nom et de structure soulève des questions. Est-ce un simple rebranding pour effacer l’image sulfureuse de Wagner, ou une évolution vers une présence plus durable et institutionnalisée ? Le Sahel, avec ses ressources (or, uranium) et son instabilité, reste un terrain clé pour la Russie face à la France et aux États-Unis. Mais cette transition pourrait fragiliser des régimes comme celui de Goïta au Mali, dépendants de ces forces pour leur survie. À l’heure où l’Afrique redéfinit ses alliances, l’Africa Corps pourrait bien être un outil de soft power déguisé, masquant sous un contrôle étatique une ambition impérialiste inchangée. La prudence s’impose : derrière ce nouveau visage, le jeu de Moscou reste le même.  Riad

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