Un drone malien abattu, des vols suspendus, et une tension qui grimpe entre Alger et Bamako. Face à cette crise aux portes du Sahel, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) monte au créneau.
Le 31 mars 2025, l’armée algérienne a abattu un drone malien Akinci près de Tin Zaouatine, affirmant qu’il avait violé son espace aérien de deux kilomètres. Le Mali nie toute incursion illégale. En représailles, l’Algérie a suspendu, le 7 avril, tous les vols vers et depuis le Mali, dénonçant des « violations récurrentes » de son ciel par des drones militaires maliens.
La CEDEAO, dans un communiqué publié le 9 avril depuis Abuja, a exprimé sa « profonde préoccupation » et a lancé un appel urgent au dialogue, malgré le retrait du Mali de l’organisation en janvier dernier pour rejoindre l’Alliance des États du Sahel (AES). Elle exhorte les deux pays à recourir aux mécanismes régionaux et continentaux pour éviter l’escalade.
Derrière cet incident, un enjeu régional majeur : la stabilité du Sahel, déjà menacée par les groupes terroristes, les crises humanitaires et les coups d’État. L’Algérie, acteur historique de la médiation dans la région, se retrouve désormais en opposition croissante avec les pays de l’AES, notamment en raison de la présence de mercenaires russes du groupe Wagner et de drones armés près de sa frontière sud.
Depuis plus d’une décennie, le Mali est confronté à une instabilité chronique dans le nord du pays, marquée par des révoltes touarègues et la présence de groupes terroristes comme AQMI et le GSIM. L’Algérie, qui partage une longue frontière saharienne avec le Mali, a longtemps joué un rôle de médiateur, notamment dans le cadre du « processus d’Alger », ayant abouti à l’accord de paix de 2015.
En décembre 2023, le Mali a rappelé son ambassadeur à Alger, accusant l’Algérie d’ingérence — des accusations fermement démenties par Alger. Par ailleurs, la militarisation croissante du Mali près de la frontière algérienne, notamment avec l’usage de drones armés et la présence de mercenaires russes du groupe Wagner, suscite une inquiétude croissante du côté algérien, qui y voit une menace directe à sa sécurité nationale.
Face à ce climat tendu, la CEDEAO-(regroupant 15 pays d’Afrique de l’Ouest)- cherche à préserver la stabilité régionale, dans un Sahel fragilisé par les coups d’État, le terrorisme, et les crises humanitaires. Son appel au dialogue intervient dans un moment crucial où la coopération régionale est plus que jamais nécessaire pour prévenir une nouvelle crise.






























