Ces derniers jours, les médias français ont une fois de plus révélé leur capacité à opérer une distinction troublante dans leur traitement des affaires impliquant des compatriotes. D’un côté, ils se mobilisent avec ferveur pour défendre un écrivain algérien naturalisé français depuis moins d’un an, Boualem Sansal. De l’autre, ils semblent rester étrangement silencieux face au sort de Laurent Vinatier, un chercheur français de souche incarcéré en Russie.
Cette dichotomie soulève des questions sur les priorités et les biais des médias français lorsqu’il s’agit de défendre leurs concitoyens. Boualem Sansal, écrivain algérien ayant obtenu la nationalité française il y a moins d’un an, bénéficie d’une couverture médiatique intense et d’un soutien sans faille de la part des médias français. Ses prises de position critiques envers l’Algérie et son histoire et son engagement pour le projet sioniste en Palestine en ont fait une figure emblématique, largement défendue par les intellectuels et les journalistes français. Les médias se sont emparés de son histoire, mettant en lumière ses combats et dénonçant les menaces qui pèsent sur lui. Cette mobilisation contraste fortement avec le traitement réservé à d’autres compatriotes en détresse. Pendant ce temps, Laurent Vinatier, un chercheur français de 48 ans spécialiste de l’Union soviétique, croupit dans une prison russe. Condamné le 14 octobre 2024 à trois ans de prison pour ne pas s’être enregistré comme « agent de l’étranger », son appel a été rejeté par un tribunal russe, comme le rapporte l’agence de presse Ria. Malgré la gravité de sa situation et les enjeux géopolitiques sous-jacents, l’affaire Vinatier semble largement ignorée par les médias français. Pourtant, ce spécialiste de la Russie, dont les travaux sont reconnus internationalement, mériterait plus d’attention et de soutien que Boualem Sansal. Cette différence de traitement interroge. Pourquoi les médias français se mobilisent-ils avec tant d’ardeur pour défendre un écrivain récemment naturalisé, tout en restant silencieux face à l’incarcération d’un chercheur français de souche ? Faut-il y voir une forme de sélectivité dans la défense des compatriotes, où certains profils bénéficieraient d’une attention particulière tandis que d’autres seraient relégués au second plan ? Ou s’agit-il simplement d’une question de visibilité médiatique, où les affaires les plus « vendeuses » prennent le pas sur celles jugées moins spectaculaires ?