Une nouvelle affaire de corruption impliquant des élus marocains secoue le pays, révélant les failles persistantes dans la gestion du patrimoine public. Suite à un rapport explosif de l’Inspection générale de l’administration territoriale (IGAT), un parlementaire a été destitué pour son rôle central dans un vaste réseau de détournement de terres domaniales, mettant en lumière un système de prédation organisée au cœur des institutions.
Le rapport de l’IGAT, détaille un mécanisme « méthodique et hiérarchisé » de captation illégale de terrains appartenant à l’État, aux forêts marocaines et aux collectivités territoriales. Selon les investigations, des parlementaires, des présidents de communes et leurs adjoints auraient orchestré, via des prête-noms et de fausses déclarations, le transfert de centaines d’hectares à des fins personnelles ou commerciales.
La société civile marocaine, excédée par ces pratiques récurrentes, monte au créneau. « Ce scandale n’est que la partie émergée de l’iceberg. La corruption foncière prive l’État de ressources vitales pour le développement social », dénonce Amina Bouayach, présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH). Des appels à manifester circulent sur les réseaux sociaux, tandis que le mouvement « Hirak » du Rif menace de relancer ses mobilisations.
Ce scandale intervient dans un contexte tendu, où le roi Mohammed VI a récemment appelé à « l’éradication de la corruption » lors d’un discours officiel. Pour Abdellah Tourabi, politologue, « cette affaire met en lumière les contradictions d’un système où la lutte anticorruption reste sélective. La crédibilité des réformes royales, comme la création de l’Instance nationale de la probité, est en jeu ».
L’opposition parlementaire réclame une commission d’enquête indépendante. « Il faut auditer l’ensemble des transactions foncières des dix dernières années », exige Fatima Zahra El Bardi, députée du Rassemblement national des indépendants (RNI). Pourtant, les observateurs restent sceptiques : en 2022, le Maroc a stagné à la 94ᵉ place du classement de Transparency International sur la corruption, malgré l’adoption de lois anticorruption en 2016.
Au-delà des frontières marocaines, l’affaire risque d’entacher l’image d’un pays qui cherche à attirer les investisseurs étrangers. « Les détournements de terres découragent les partenaires économiques. Personne ne veut financer des projets où le clientélisme prime sur la légalité », alerte un diplomate européen sous couvert d’anonymat. L’Union européenne, principal partenaire commercial du Maroc, pourrait durcir ses conditions d’aide financière. Déjà en 2023, un rapport de la Banque mondiale pointait la corruption foncière comme un « frein majeur » à la croissance inclusive au Maroc. Avec seulement 12 % des Marocains déclarant « faire confiance au système judiciaire » (selon un sondage de 2023), le chemin vers la réhabilitation semble semé d’embûches. Riad






























