L’Algérie porte depuis le XVIe siècle le surnom d’« El Mahroussa » (l’Algérie protégée par Dieu), un titre forgé dans le feu d’une victoire miraculeuse contre l’une des plus grandes croisades de l’histoire. En 1541, Charles Quint, empereur d’Espagne, lança une expédition colossale contre Alger, profitant de l’absence de Kheireddine Barberousse, dont la flotte était en mission. Cette campagne, considérée comme la quatrième plus grande croisade, mobilisa 516 navires – les fleurons navals d’Espagne, d’Italie, de Malte et d’Allemagne – transportant 36 000 hommes, dont 23 000 combattants terrestres, accompagnés de ministres, serviteurs et dames de la noblesse, convaincus d’une victoire imminente.
Face à cette armada, les habitants d’Alger, dirigés par Hassan Pacha, fils de Barberousse, opposèrent une résistance héroïque avec seulement 2 000 combattants arabes et 600 soldats turcs. Après un premier échec à percer les défenses le 23 octobre 1541, Charles Quint, sur conseil du comte Alburquerque, ordonna un débarquement à l’est de la ville, près de l’oued El-Harrach (aujourd’hui Mohammadia). Confiants, les croisés célébrèrent leur succès supposé en descendant des tonneaux de vin, ignorant le piège qui se préparait. Informé de ces festivités, Hassan Pacha ordonna une manœuvre audacieuse : contourner l’ennemi par un sentier montagneux pour une attaque nocturne.
Mais la providence intervint. Une tempête dévastatrice éclata, balayant les côtes algériennes de pluies torrentielles et de vents furieux. Les Espagnols, y compris leurs sentinelles, se réfugièrent sous leurs tentes, laissant leurs positions vulnérables. Profitant du vacarme, les soldats algériens pénétrèrent le camp ennemi et massacrèrent environ 3 000 croisés. Dans le chaos, des Andalous, maîtrisant l’espagnol et vêtus comme les soldats adverses, s’infiltrèrent jusqu’au navire de Charles Quint. Selon des chroniques de l’époque, citées par des historiens comme Ibn Khaldoun, ils auraient même approché l’empereur. Sauvé in extremis par sa garde suisse, Charles Quint, humilié, jeta sa couronne dans la mer en déclarant : « Un roi incapable de protéger ses soldats ne mérite pas cette couronne. » Depuis, les rois d’Espagne, marqués par ce deuil, ont renoncé à porter la couronne royale.
Ce triomphe, attribué à une intervention divine, donna naissance au slogan « L’Algérie protégée par Dieu ». De 1520 à 1830, il orna boutiques, maisons, cafés, lieux de culte et tribunaux, où il était inscrit sur les actes légaux comme les mariages ou les reconnaissances de dettes. Ce récit historique, célébré dans les écoles et les médias algériens, reste un symbole de résilience nationale. Riad