
Nicolas Sarkozy est décrit comme « le véritable commanditaire » d’un pacte de corruption « indécent », selon les mots très forts du parquet national financier (PNF) ce lundi 25 mars. Cette première journée de réquisitions au procès de l’ancien chef de l’État et de 11 autres prévenus a donné le ton : tous sont poursuivis pour le financement présumé libyen de la campagne présidentielle de 2007.
Face à un Nicolas Sarkozy visiblement tendu, le procureur a déroulé un réquisitoire implacable, qualifiant le dossier d’« émaillé de mensonges, d’interférences et de manipulations, y compris de la part de l’ancien président ». Il a insisté sur l’implication directe de Sarkozy dans la conclusion d’un pacte de corruption jugé « inconcevable, inouï et indécent ».
Un autre magistrat financier a ensuite pris la parole pour démonter point par point les arguments de la défense. Il a notamment dénoncé les explications « extravagantes » de Claude Guéant et Brice Hortefeux, deux proches de Nicolas Sarkozy qui s’étaient rendus en Libye en 2005 pour y rencontrer un dignitaire du régime. Selon eux, ils auraient été piégés par Ziad Takieddine, l’intermédiaire à l’origine de ces rencontres. Mais le magistrat a balayé cette version : « On se moque de vous ! », a-t-il lancé à l’adresse de la présidente du tribunal, affirmant que c’est bien Nicolas Sarkozy qui avait envoyé ses deux fidèles négocier ce pacte de corruption.
Il a conclu son intervention en s’adressant directement à l’ancien chef de l’État, qu’il décrit comme un homme « habité par une ambition dévorante, prêt à sacrifier les valeurs dont il devait être l’incarnation ». Les réquisitions doivent se poursuivre jusqu’à jeudi soir. Nicolas Sarkozy encourt une peine pouvant aller jusqu’à 10 ans de prison et 375 000 euros d’amende.