Coup de tonnerre dans la sphère politique française : François Bayrou, fraîchement nommé Premier ministre, entame son mandat avec une épée de Damoclès judiciaire au-dessus de la tête. Toujours poursuivi pour « complicité de détournement de fonds publics », l’homme fort du Modem n’en a pas fini avec les tribunaux, malgré une détente en première instance en février 2024.
La Justice reproche à Bayrou et à plusieurs cadres de son parti d’avoir, pendant une décennie, utilisé des fonds européens destinés aux assistants parlementaires pour financer des emplois au sein du Modem. Le Parlement européen, partie civile dans cette affaire, estime le préjudice à 293 000 euros. Un système que le Parquet qualifie de « frauduleux », pointant Bayrou comme son concepteur principal. En dépit de ces accusations et d’un réquisitoire sévère, le tribunal avait choisi de détendre l’ancien Haut-commissaire au Plan, invoquant un « bénéfice du doute ». Mais cette victoire judiciaire pourrait bien être de courte durée. Le Parquet de Paris a fait appel, et une nouvelle audience est prévue à l’automne 2025. Une échéance cruciale pour Bayrou, qui pourrait alors jouer non seulement son avenir judiciaire, mais aussi sa carrière politique.
Le choix d’Emmanuel Macron de nommer François Bayrou à Matignon, malgré ce contexte, interpelle. Si cette décision pourrait s’expliquer par la volonté de s’appuyer sur une personnalité expérimentée et consensuelle, elle expose également l’exécutif à un risque majeur : celui de voir le chef du gouvernement rattrapé par une condamnation.En cas de confirmation de sa culpabilité, Bayrou risque gros : une peine de prison avec sursis, une lourde amende, et surtout une inéligibilité qui serait fatale à ses ambitions politiques. Mais au-delà des conséquences personnelles, c’est toute la stabilité du gouvernement qui pourrait vaciller. Une situation qui embarrasse déjà le camp présidentiel, contraint de défendre un Premier ministre sous le feu des critiques.
Ce procès en appel ne sera pas qu’un conflit juridique. Il prendra inévitablement une dimension politique. Bayrou, figure centrale de la majorité et allié de longue date de Macron, incarne les valeurs de probité que l’exécutif prétend défendre. Or, les procureures avaient souligné lors du premier procès le fossé entre ces principes affichés et les actes reprochés.
À cela s’ajoute une autre réalité : François Bayrou, en tant que Premier ministre, ne bénéficie d’aucune immunité judiciaire. Contrairement au président de la République, il devra répondre de ses actes comme n’importe quel citoyen. Une situation qui pourrait affaiblir son autorité à Matignon, à un moment où le gouvernement aura besoin d’un chef solide pour affronter les turbulences sociales et économiques. L’automne 2025 s’annonce déjà comme une rentrée à hauts risques. Riad