Depuis quelques semaines, un étrange ballet médiatique occupe les chaînes d’information françaises : la crise diplomatique entre Alger et Paris, gonflée à l’extrême par certains plateaux télévisés, semble soudain supplanter les nombreux défis qui secouent l’Hexagone. Loin d’être anecdotique, cette obsession pour la « petite crise » algéro-française illustre une stratégie politique bien rodée, portée par des figures de l’extrême droite et des médias d’influence, visant à détourner l’attention d’une France en pleine tourmente.
Politiquement, économiquement et socialement, la Cinquième République semble au bord de la rupture. Avec un président de plus en plus contesté, un gouvernement sans majorité parlementaire et un pays sans budget pour 2025, les fondations vacillent. Le déficit budgétaire frôle les 6 %, inquiétant Bruxelles, tandis que l’endettement monte en flèche. Sur le terrain social, la colère gronde : baisse du pouvoir d’achat, tensions syndicales et sentiment d’abandon général alimentent un mécontentement populaire difficile à contenir. Dans ce contexte, les dirigeants cherchent des boucs émissaires. L’immigration, comme toujours, est le premier fusible. Et lorsque l’immigration ne suffit plus, l’Algérie, avec son histoire complexe et son influence sur la communauté franco-algérienne, devient une cible facile.
L’extrême droite, chef d’orchestre : Les cris d’orfraie viennent essentiellement d’un camp : celui de l’extrême droite, soutenu par des chaînes comme celles de Vincent Bolloré, où les figures habituelles s’emploient à attiser les tensions entre Alger et Paris. Ces commentateurs, souvent les mêmes depuis des années, trouvent dans chaque événement, réel ou inventé, un prétexte pour raviver leur rhétorique anti-algérienne. Qu’il s’agisse de l’affaire Boualem Sansal ou de l’appel à revoir l’accord migratoire de 1968, les discours sont toujours les mêmes : diaboliser l’Algérie et sa diaspora pour en faire les boucs émissaires des maux de la France. Cette stratégie, en plus de détourner l’attention des problèmes internes, cherche à fragiliser la communauté franco-algérienne, considérée comme un frein potentiel aux ambitions électorales de l’extrême droite.
L’extrême droite n’a pas digéré sa défaite aux dernières élections législatives. Marine Le Pen, si proche de Matignon, a vu son rêve brisé par la mobilisation des banlieues et des voix issues de l’immigration, qui ont permis au camp progressiste de renverser la tendance. Depuis, la vengeance est devenue une ligne de conduite. Ternir l’image de l’Algérie et affaiblir ses soutiens en France est perçu comme un moyen de préparer le terrain pour les prochaines échéances électorales. Pourtant, cette croisade contre Alger ne fait pas l’unanimité. À gauche, au centre et même dans une partie de la droite républicaine, les voix sont rares à suivre cette campagne de stigmatisation.
Ainsi, la « petite crise » entre Paris et Alger n’est rien d’autre qu’un écran de fumée, destiné à masquer une « grande crise » : celle d’une France au bord de l’implosion. Riad






























