Guerre chimique en Algérie : La France face à son passé colonial ?

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Dans un geste inédit qui pourrait marquer un tournant dans le dossier sensible de la mémoire coloniale, la chaîne publique française France 5 diffusera ce dimanche 8 juin à 23h un documentaire-choc intitulé « Algérie, sections d’armes spéciales », consacré à une guerre chimique secrète menée par l’armée française durant la guerre d’indépendance algérienne (1954-1962).

Réalisé par Claire Billet et fondé sur les travaux du célèbre historien Christophe Lafaye, en collaboration avec la chercheuse algérienne Safia Arezki, ce documentaire devait initialement être diffusé en mars dernier. Mais à la dernière minute, sa programmation avait été suspendue sans explication claire, suscitant un tollé dans les milieux politiques et médiatiques. Ce report intervenait dans un contexte de vives tensions diplomatiques entre Alger et Paris.

Le film met en lumière, pour la première fois, l’usage massif de gaz toxiques par les forces coloniales françaises contre les combattants indépendantistes algériens réfugiés dans les grottes, montagnes et zones souterraines. Il s’agit là d’une violation flagrante du droit international, longtemps dissimulée par le secret militaire.

Le documentaire repose sur une enquête approfondie, mêlant témoignages d’anciens combattants algériens et français, archives inédites (notamment issues des territoires d’outre-mer) et analyses d’experts en armes chimiques et nucléaires. Les révélations sont saisissantes : masques à gaz, combinaisons spéciales, munitions chimiques… Tout un arsenal mis en œuvre dans le plus grand secret pour écraser la résistance algérienne.

La diffusion de ce documentaire peut être perçue comme un geste d’ouverture de la part de la France. Elle intervient alors que les relations bilatérales restent fragiles, notamment à cause de la position française sur le Sahara occidental, qui avait provoqué un gel diplomatique et le rappel des ambassadeurs. Selon plusieurs observateurs, ce film pourrait relancer les travaux de la commission mixte sur la mémoire algéro-française, suspendue depuis un an. Il s’agit aussi d’un test : la reconnaissance par la France de ses crimes coloniaux ira-t-elle au-delà des mots ? Ismain

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