Dans un discours empreint d’histoire et de solennité, le président Abdelmadjid Tebboune a appelé la France à affronter un chapitre sombre de son passé : les crimes coloniaux perpétrés en Algérie pendant 132 années d’occupation. Refusant toute compensation financière, il réclame une reconnaissance explicite des exactions qu’il qualifie de « génocide documenté par des preuves et des témoignages ».
Le président Tebboune a revisité les pages les plus sombres de cette histoire, évoquant les massacres de Zaatcha, les gazages de tribus comme les Ben Chora, et les atrocités des événements de mai 1945, qui ont coûté la vie à 45 000 Algériens en un mois. Le chef de l’Etat t a également insisté sur un autre symbole poignant : la restitution des crânes des résistants algériens conservés en France, un geste attendu depuis des décennies.
Parmi les crimes évoqués, les essais nucléaires français dans le Sahara algérien prennent une place particulière. Le Président n’a pas mâché ses mots en condamnant ces expériences qui ont suivi de causer des dégâts environnementaux et sanitaires :’Nous n’avons pas besoin de votre argent, venez nettoyer ce que vous avez laissé derrière vous.’
Le discours a également mis à mal les récits coloniaux glorifiant une prétendue « mise en valeur » de l’Algérie par la France. M. Tebboune a rappelé que bien avant l’arrivée des colons, l’Algérie prospérait, approvisionnant l’Empire romain en blé, avec une population éduquée. Il pointe du doigt l’effondrement démographique dû à l’occupation : de quatre millions d’habitants en 1830 à seulement neuf millions à l’indépendance, un chiffre qu’il qualifie d’évidence du génocide.
Mais le président n’a pas uniquement tourné son regard vers le passé. Dans une démarche tournée vers l’avenir, il a prévu un message aux jeunes Français, insistant sur l’importance de bâtir des relations fondées sur le respect mutuel. En guise de symbole, il a proposé que Paris érige une statue de l’Émir Abdelkader, figure de résistance et pont entre les deux cultures.
Ce discours est une invitation claire à la France : reconnaître ses torts pour tourner la page, non pas en oubliant, mais en construisant une nouvelle ère d’entente, enracinée dans une vérité partagée. Riad