Maroc : le meurtrier de Ben Barka démasqué

0
236

Un livre de 38 pages, « L’Affaire Ben Barka : la fin des secrets », co-écrit par Stephen Smith et Ronen Bergman, fait voler en éclats 60 ans de mystères autour de l’assassinat de Mehdi Ben Barka, leader de l’opposition marocaine et figure emblématique de la gauche anticoloniale.

Kidnappé le 29 octobre 1965 dans une brasserie parisienne, Ben Barka, condamné à mort par contumace pour son rôle dans la Guerre des Sables de 1963, disparaît sans laisser de trace, victime d’un complot ourdi par le Makhzen et le Mossad. À l’aube de cette révélation, basée sur des archives inédites et des témoignages, ce crime d’État expose les alliances occultes entre Rabat et Tel-Aviv, bien avant les accords d’Abraham de 2020.

Les faits sont glaçants : l’opération, supervisée par Ahmed Dlimi, adjoint à la sécurité marocaine, et Rafi Eitan, pilier du Mossad, a impliqué des agents français comme façade. En novembre 1965, un officier du Mossad achète à Paris des outils corrosifs – pelles, tournevis, hydroxyde de sodium – pour dissoudre le corps, stockés à Saint-Cloud. Ben Barka, détenu à 30 km au sud de Paris, est interrogé, puis noyé dans une baignoire après trois minutes sous l’eau, comme l’a confessé Dlimi. Une photo post-mortem, prise pour rassurer Rabat, scelle l’affaire. Ces révélations, publiées dans « Le Monde », confirment que le Mossad a « participé du début à la fin », fournissant conseils pour l’enterrement en forêt et récupérant le poison inutilisé.

Ce complot, forgé dans les années 1960 malgré l’absence de relations officielles, s’appuie sur des liens secrets entre le Makhzen et l’entité sioniste, facilitant l’émigration des Juifs marocains et des échanges militaires. Alors que le Maroc, premier acheteur africain d’armes israéliennes, exporte 141,55 millions de dollars vers Tel-Aviv en 2024, ces archives révèlent une alliance historique, au-delà des intérêts économiques actuels. Sur les réseaux sociaux, l’indignation arabe explose : « Le Makhzen assassin de Ben Barka ! » s’exclame-t-on, tandis que des intellectuels comme Tahar Ben Jelloun appellent à une commission d’enquête.

Cette affaire n’est pas un reliquat du passé : elle éclaire les dynamiques actuelles. Le silence du Maroc sur Gaza, malgré les appels à rompre la normalisation, et son rôle de hub pour les armes israéliennes – composants de F-35 pour les bombardements de 2025 – rappellent que l’alliance avec le Mossad persiste, au prix de la conscience arabe.

Ce livre démasque un complot qui mine encore la crédibilité du royaume. Le Makhzen, allié de l’ombre, risque de voir son « miracle économique » terni par ces secrets enfouis. L’heure est à la vérité : une enquête publique sur Ben Barka pourrait libérer le Maroc de ses fantômes, ou l’enfoncer davantage dans l’opacité. Riad

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici