Mensonge malien, colère algérienne

0
124

Le torchon brûle entre Alger et Bamako, et le mensonge semble être le carburant de cette escalade. Tout a basculé dans la nuit du 31 mars au 1er avril 2025, lorsque l’Algérie a abattu un drone malien à Tinzaouatène, près de leur frontière commune. Depuis, le Mali s’enfonce dans une posture de déni, jurant ses grands dieux que son appareil n’a jamais franchi l’espace aérien algérien. Un récit que Bamako, épaulé par ses alliés de l’Alliance des États du Sahel (AES) – Niger et Burkina Faso –, martèle avec une virulence rare, allant jusqu’à accuser Alger d’être un « exportateur de terrorisme ». La réponse algérienne ne s’est pas fait attendre : ce lundi 7 avril, l’espace aérien de l’Algérie s’est officiellement fermé à tout trafic malien, une mesure aussi symbolique que lourde de conséquences.

Dans ce bras de fer, les masques tombent. Alger, dans un communiqué cinglant du ministère des Affaires étrangères, dénonce des « allégations mensongères » destinées à camoufler l’« échec patent » d’une « clique inconstitutionnelle » au pouvoir à Bamako. Le ton est donné : pour l’Algérie, le Mali des putschistes, enlisés dans une gouvernance chaotique et une dépendance croissante au groupe Wagner, cherche un bouc émissaire pour détourner l’attention de ses déboires politiques, économiques et sécuritaires. Bamako, de son côté, persiste et signe : le drone, assure-t-il, « n’a jamais quitté » son espace aérien. Une version contredite par les preuves brandies par Alger – images radar à l’appui – qui situent l’intrusion à minuit huit minutes, sur 1,6 kilomètre, avant une « trajectoire offensive » fatale à l’appareil. Plus troublant encore, l’Algérie affirme que ce n’était pas un incident isolé, mais la troisième incursion en moins d’un an, après celles des 27 août et 29 décembre 2024.

Face à cette surenchère, la rupture est consommée. La fermeture de l’espace aérien algérien, effective dès ce 7 avril, ne se limite pas aux vols militaires : elle touche aussi les compagnies commerciales internationales transitant par le Mali. Une décision qui isole davantage un pays déjà fragilisé par les sanctions régionales et les tensions internes. Alger, dans un élan de réciprocité, a rappelé ses ambassadeurs à Bamako et Niamey pour consultation, tout en suspendant la prise de fonction de son nouvel émissaire à Ouagadougou. Le trio de l’AES, lui, avait dégainé dès dimanche en rapatriant ses propres diplomates d’Algérie, tandis que Bamako convoquait l’ambassadeur algérien et menaçait de porter plainte devant les instances internationales.

L’Algérie, puissance régionale et médiatrice historique au Sahel, voit dans l’attitude du Mali et de ses alliés une provocation gratuite, amplifiée par leur « alignement inconsidéré » sur des thèses jugées « fallacieuses ». Bamako, en se retirant du Cemoc – ce comité militaire conjoint qui incluait l’Algérie – et en brandissant des accusations aussi graves qu’infondées, joue une carte risquée. Mais jusqu’où ? Les observateurs s’accordent : malgré l’intensité des mots et des gestes, une escalade militaire reste improbable. La supériorité de l’armée algérienne, face à un Mali en proie au chaos, rend toute aventure belliqueuse illusoire.

Le Mali, en s’enferrant dans le mensonge, fragilise sa crédibilité et ses alliances. Entre mensonges et vérités radar, cette mésaventure malienne est le miroir d’un pays où la défiance a remplacé la coopération. Et pendant ce temps, le terrorisme, lui, continue de prospérer dans l’ombre du Sahel.  Riad 

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici