Quand la linguistique fragilise le dinar algérien !       

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 En Algérie, un phénomène linguistique singulier a contribué, consciemment ou non, à la dévalorisation de la monnaie nationale : l’habitude de parler en « mille » plutôt qu’en dinars. Cette pratique, ancrée dans le quotidien, a des répercussions bien plus profondes qu’il n’y paraît, touchant à la fois l’économie, la culture et la perception collective de la monnaie nationale.

Dans les transactions courantes, il est fréquent d’entendre des expressions telles que « 100 mille » pour désigner 1000 dinars ou « 10 mille » pour 100 dinars. Cette façon de présenter les montants, en ajoutant trois zéros imaginaires, contribue à amplifier l’impression de faiblesse de la monnaie algérienne. Le dinar, pourtant divisé en 100 centimes, est peu à peu relégué au second plan, tandis que les centimes, autrefois essentiels, ont quasiment disparu des échanges.

Cette simplification linguistique, si elle peut paraître anodine, traduit une profonde mutation dans la manière dont les Algériens perçoivent la valeur monétaire. La facilité de parler en « mille » pour simplifier les calculs a finalement transformé le dinar en une unité abstraite, presque insignifiante face aux devises étrangères ou même dans les échanges internes.

Dans les premières années qui ont suivi l’indépendance, les pièces de 5, 10, 20 et 50 centimes jouaient un rôle clé dans les transactions. Ces pièces symbolisaient une économie où le dinar avait un poids réel et tangible. Cependant, avec le temps, ces petites unités ont progressivement disparu du marché. Ce changement ne s’est pas fait sans impact sur la culture économique et sociale du pays.

Les nouvelles générations, habituées à manipuler des montants exprimés en milliers ou en millions, sont éloignées de la valeur réelle du dinar. Par exemple, un million de centimes algériens, communément appelé « un million », ne correspond qu’à 10 000 dinars. Une confusion qui pourrait dérouter les visiteurs étrangers ou même les jeunes générations qui peinent à relier ces montants à une base monétaire rationnelle.

En parlant constamment en milliers, les Algériens eux-mêmes contribuent à réduire la valeur symbolique du dinar. Cette pratique linguistique reflète et amplifie une réalité économique où la monnaie nationale perd de sa force, non seulement face aux devises étrangères mais aussi dans l’imaginaire collectif. Une monnaie que l’on perçoit comme «faible» devient une monnaie fragile. Cela complique encore plus les efforts de renforcement du dinar face aux devises étrangères .

Face à cette situation, il est essentiel de sensibiliser les citoyens à l’importance de valoriser le dinar dans les expressions quotidiennes. Les écoles, les médias, et même les politiques économiques peuvent jouer un rôle clé dans ce processus. Enseigner aux jeunes générations la valeur réelle du dinar et les contacts avec les centimes pourrait contribuer à réintroduire une perception plus équilibrée de la monnaie. La réintroduction des petites pièces ou des initiatives pour renforcer la confiance dans la monnaie nationale pourraient également aider à redresser cette situation.

Ce défi dépasse la simple correction linguistique. Il s’agit d’un enjeu de souveraineté économique, d’identité nationale et de confiance collective. En somme, redonner au dinar sa juste valeur, tant dans les mots que dans les faits, c’est œuvrer pour une économie plus forte et une société plus consciente de ses atouts.  Riad 

 

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