Une nouvelle affaire embarrassante secoue les hautes sphères du pouvoir marocain et met en lumière les tensions persistantes entre Rabat et Alger. Après la révélation de l’arrestation de l’ancien secrétaire d’État espagnol à la Sécurité, Francisco Martínez, pour son implication présumée dans l’aide apportée à Abdellatif Hammouchi, patron des services de renseignement marocains, pour échapper à la justice française en 2014, le régime marocain a choisi de riposter… en accusant l’Algérie. Tout est parti d’une simple publication sur X (anciennement Twitter) de la part du journaliste et opposant marocain Ali Lmrabet, dans laquelle il évoque l’arrestation de Francisco Martínez, accusé d’avoir protégé Hammouchi alors recherché en France pour des faits de torture présumée. L’information, bien que relayée en toute sobriété, a semé le trouble au sein des cercles proches du roi Mohammed VI. La réaction ne s’est pas fait attendre. Des médias alignés sur la ligne du palais, à l’image du site Le360, propriété de Mounir Majidi, secrétaire particulier du roi, se sont livrés à un exercice bien rodé de désinformation ciblée, détournant le débat vers un autre terrain : l’implication supposée de l’Algérie. Selon Le360, Ali Lmrabet serait manipulé et financé par l’Algérie pour porter atteinte aux institutions marocaines. Une rhétorique bien connue des observateurs, qui ne repose sur aucun élément concret, mais qui vise à discréditer toute voix dissidente en l’associant à l’ennemi régional désigné. Pourtant, les faits sont clairs : l’affaire concerne un haut responsable espagnol, une plainte déposée à Paris par une ONG contre Hammouchi, et une tentative d’entrave judiciaire. L’Algérie n’y figure ni de près ni de loin. Dans une série de tweets moqueurs, Ali Lmrabet a tourné en dérision la panique apparente du régime : « Pourquoi mentionnent-ils l’Algérie automatiquement ? Quel est le rapport ? », écrit-il. « Même les journalistes marocains ont dû travailler un samedi pour me répondre ! », ajoute-t-il avec sarcasme. Le journaliste ne manque pas de souligner les méthodes opaques des médias du pouvoir, souvent décrits comme des porte-voix programmés, à l’image d’un système fonctionnant par réflexes conditionnés dès qu’un sujet sensible surgit. Cette affaire illustre une fois de plus la stratégie de diversion pratiquée par le régime marocain, qui, face à une situation interne embarrassante, tente de détourner l’attention en activant le levier de la rivalité avec Alger. Au lieu de répondre sur le fond à une question de responsabilité pénale concernant l’un des plus puissants hommes de la sécurité marocaine, le régime préfère activer la carte de la paranoïa extérieure, en pointant du doigt son voisin algérien. Ismain