Un séisme judiciaire et politique frappe la République démocratique du Congo.Mardi 30 septembre 2025, la Haute Cour militaire de Kinshasa a condamné à mort l’ancien président Joseph Kabila pour trahison et crimes de guerre, à l’issue d’un procès par contumace.
Âgé de 54 ans, Joseph Kabila, qui a dirigé la RDC de 2001 à 2019, a été reconnu coupable de collusion avec le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda et impliqué dans de violents affrontements dans l’Est du pays. Absent et non représenté lors du procès, l’ancien chef de l’État a vu son immunité de sénateur à vie levée plus tôt cette année, ouvrant la voie à cette poursuite judiciaire sans précédent.
Selon plusieurs observateurs, cette décision judiciaire n’est pas dénuée d’arrière-pensées politiques. La récente réapparition de Kabila à Goma — bastion du M23 — avait ravivé les tensions à Kinshasa, où le pouvoir en place redoute une possible recomposition de l’opposition. En mai dernier, Kabila avait publiquement dénoncé la « dictature » actuelle et affirmé son intention de revenir sur la scène politique, ce qui aurait accéléré les poursuites engagées contre lui.
Bien que la peine capitale ait été rétablie en 2024 en RDC, aucune exécution n’a été menée à ce jour. La condamnation de Kabila pourrait ainsi demeurer symbolique, mais elle envoie un signal fort : celui d’un pouvoir déterminé à frapper durement ses adversaires. L’analyste politique Ithiel Batumike y voit un double message : « Cette décision illustre la volonté du régime de montrer sa fermeté face aux rebelles, tout en affaiblissant un potentiel rival politique. »
Pendant ce temps, l’Est congolais reste le théâtre d’une instabilité chronique. Malgré les accords de paix signés en 2024, le M23 continue de contrôler plusieurs zones stratégiques.
Figure centrale de la scène politique congolaise et héritier d’une dynastie installée au sommet du pouvoir depuis deux décennies, Joseph Kabila devient ainsi le premier ex-chef d’État du pays condamné à la peine capitale. Une page sombre s’écrit dans l’histoire de la RDC.
































