La Syrie s’engage sur une voie controversée qui pourrait redessiner les équilibres géopolitiques au Moyen-Orient. Ahmed al-Sharaa, nouvel homme fort de Damas et ancien chef rebelle connu sous le nom d’Abou Mohammad al-Jolani, semble prêt à normaliser les relations avec l’entité sioniste, une décision orchestrée sous l’égide du Maroc et des Émirats arabes unis, avec le soutien des États-Unis. Ce virage, loin d’être une surprise, s’inscrit dans une dynamique amorcée depuis la destitution de Bachar al-Assad en décembre 2024, mais il soulève une question brûlante : à quel prix pour la souveraineté syrienne et la cause palestinienne ?
Des rapports récents de Reuters confirment des contacts directs entre responsables syriens et israéliens, incluant des rencontres face-à-face ces dernières semaines, notamment dans des zones frontalières sous contrôle israélien. Ces discussions, qui prolongent des échanges indirects via des médiateurs, visent officiellement à apaiser les tensions. Mais des sources syriennes, occidentales et régionales, citées anonymement en raison de la sensibilité du sujet, y voient un pas décisif vers une normalisation, encouragée par Washington. L’ouverture d’un consulat marocain à Damas, sous l’influence du roi Mohammed VI – surnommé le « commandeur des croyants » et fervent promoteur des accords d’Abraham –, apparaît comme un symbole de cette alliance en gestation.
Pourtant, ce rapprochement a un goût amer. Le Golan syrien reste occupé par Israël depuis 1967, une annexion que Damas a toujours dénoncée. Al-Sharaa, autrefois combattant djihadiste, semble prêt à passer outre cette violation de la souveraineté nationale, acceptant une normalisation avec un État qu’il qualifiait jadis d’ennemi. Sur X, des internautes syriens et palestiniens dénoncent un « pacte diabolique », accusant al-Sharaa de trahir la cause palestinienne et les symboles religieux comme la mosquée Al-Aqsa, alors que l’entité sioniste intensifie ses actions à Gaza – où des massacres sont imputés à ses forces, notamment à la brigade Golani, récemment impliquée dans des exercices controversés au Maroc.
Le rôle du Maroc et des Émirats dans cette normalisation n’est pas anodin. Mohammed VI, proche de Netanyahou, et les Émirats, piliers des accords d’Abraham, semblent jouer les entremetteurs, poussant al-Sharaa à renvoyer l’ascenseur à l’entité sioniste pour son soutien présumé dans l’élimination d’Assad. Mais cette alliance, qui s’appuie sur des intérêts géopolitiques, ignore les aspirations des peuples. À Gaza, les Palestiniens subissent une répression brutale, et la perspective d’un front arabe uni s’effrite davantage avec chaque nouvelle normalisation.
Mais à quel coût pour la justice et la dignité des peuples opprimés ? La Syrie, jadis championne de la cause arabe, semble prête à sacrifier ses principes pour un siège à la table des compromis. À l’heure où les bombes continuent de pleuvoir sur Gaza, ce choix résonne comme une trahison. Riad