La situation syrienne, déjà marquée par une instabilité profonde, franchit un nouveau cap avec l’annonce de promotions militaires controversées au sein de la future armée nationale.
L’aspect le plus controversé est l’intégration de djihadistes étrangers. Parmi les promus identifiés, l’OSDH a relevé la présence d’au moins six combattants non syriens : un Albanais, un Jordanien, un Tadjik, un Ouïghour, et un Turc. Certains occupent désormais des grades élevés, tels que général ou général de brigade. Mourhaf Abou Qasra, un dirigeant militaire influent de HTS, est pressenti pour devenir ministre de la Défense dans le gouvernement de transition.
Le décret signé par Ahmad al-Chareh, le nouveau dirigeant issu d’une coalition islamiste radicale, intègre des anciens rebelles et, plus troublant encore, des djihadistes étrangers à des postes d’officiers. Ces nominations interrogent sur l’avenir sécuritaire et politique du pays. Le décret, publié via le compte Telegram officiel du « Commandement général », vise à unifier les factions armées sous l’autorité du ministère de la Défense.
Cette démarche, présentée comme une volonté de pacification et de stabilisation, promeut 49 individus à divers grades, y compris des anciens déserteurs de l’armée d’Assad et des figures proches de Hayat Tahrir al-Cham (HTS). Cependant, ce processus est loin de faire consensus. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), la majorité des promus appartiennent au cercle restreint d’Ahmad al-Chareh, ce qui soulève des doutes sur la véritable motivation de ces décisions. Parmi les noms figurent des personnalités influentes de HTS, mais aussi des membres d’autres factions alliées.
Selon l’expert Aymenn Al-Tamimi, la promotion de ces étrangers reflète le rôle clé qu’ils ont joué dans les opérations de HTS. Ces nominations, loin de rassurer, accentuent les craintes internationales sur la transformation de l’armée syrienne en un outil au service des groupes islamistes radicaux. La chute du régime de Bachar al-Assad en décembre a ouvert une nouvelle ère, mais les choix d’Ahmad al-Chareh suscitent des inquiétudes pour l’avenir du pays. Si l’objectif affiché est de renforcer la cohésion nationale, l’intégration de figures controversées pourrait accentuer les divisions internes et les tensions régionales.
La communauté internationale, déjà préoccupée par l’expansion de HTS, surveille de près cette réorganisation. La présence de combattants étrangers parmi les promus risque de compliquer davantage les relations diplomatiques, tout en remettant en question la légitimité et la neutralité de la nouvelle armée syrienne. Alors que la Syrie entre dans une nouvelle phase, les défis restent immenses.
La tentative d’Ahmad al-Chareh de consolider son pouvoir par la restructuration de l’armée pourrait, au contraire, alimenter l’instabilité et les rivalités internes. À l’échelle régionale, cette décision soulève des préoccupations sécuritaires majeures, notamment pour les voisins de la Syrie et les puissances engagées dans la lutte contre le terrorisme. Les mois à venir seront déterminants pour évaluer si cette « modernisation » de l’armée syrienne parvient à garantir la stabilité promise ou si elle ouvre la voie à de nouvelles turbulences.