Vendredi soir, un reportage diffusé par la télévision algérienne a jeté un pavé dans la mare des relations algéro-émiraties. Sous le titre choc d’« État artificiel des Émirats arabes unis », le programme a dénoncé une « dangereuse escalade médiatique » visant à saper l’unité, l’identité et les constantes du peuple algérien. Derrière les mots, une accusation grave : Abu Dhabi orchestrerait une campagne idéologique pour remettre en question les origines et l’histoire profonde de l’Algérie. Dans un climat régional déjà tendu, cette charge publique marque un tournant dans les relations entre les deux pays, mais elle révèle surtout une bataille plus large pour la souveraineté et la mémoire.
Le reportage n’y va pas par quatre chemins. Il accuse les Émirats de franchir « toutes les lignes rouges » en s’attaquant à l’identité algérienne, qualifiant cette offensive de « tentative désespérée d’entités hybrides dépourvues de racines ». Abu Dhabi, transformé en « usine de mal » et accusé de diffuser des « poisons idéologiques », serait à l’origine d’une remise en cause des fondations historiques de l’Algérie, un pays qui a payé le prix fort – «plus d’un million et demi de martyrs» – pour son indépendance et son unité. Cette rhétorique, aussi virulente soit-elle, n’est pas nouvelle.
Cette campagne médiatique intervient dans un contexte où les Émirats se positionnent comme un fidèle ami incontournable du sionisme. Leur normalisation avec Israël en 2020 via les accords d’Abraham et leur rôle dans les conflits au Yémen et en Libye. L’Algérie, farouchement attachée à son indépendance et à son rôle de champion des causes arabes – notamment palestinienne –, voit dans cette campagne un affront direct à son histoire de résistance. Sur X, des internautes algériens ont dénoncé une tentative de « réécrire l’histoire » pour affaiblir l’unité nationale, certains allant jusqu’à accuser Abu Dhabi de vouloir semer la discorde pour mieux asseoir son hégémonie régionale.
L’Algérie ne pleurera pas sur « les ruines du soutien » qu’elle a jadis offert, promet la télévision nationale. Elle doit maintenant prouver que sa voix, portée par son peuple, peut transcender les provocations et rappeler au monde arabe que l’histoire ne s’efface pas d’un simple coup de plume. Riad