Tout en s’attelant à favoriser l’émergence d’une véritable industrie automobile nationale, le gouvernement, par le biais du ministre en charge du secteur de l’Industrie, envisage désormais la nécessité de recourir dans la phase actuelle aux importations pour atténuer les tensions que connaît depuis quelques mois le marché local des véhicules. De fait, à travers une réponse écrite, adressée tout récemment à un député qui l’interpellait sur les motifs de la suspension des importations de véhicules neufs et les alternatives envisagées pour répondre aux besoins du marché national de l’automobile, le ministre de l’Industrie a clairement confirmé que «la rareté actuelle de véhicules incite effectivement à assurer l’approvisionnement du marché national en recourant à l’importation, et ce, en attendant le développement des activités locales de production automobile». M. Ali Aoun, qui a souvent signifié depuis qu’il s’est vu confier la gestion de ce dossier sensible que l’importation de véhicules neufs ne constitue pas et ne doit pas constituer une question prioritaire pour le gouvernement, aura pour ainsi dire marqué un certain revirement sur le sujet, en reconnaissant dans sa réponse au membre de l’Assemblée populaire nationale (APN) la nécessité de recourir à l’importation pour faire face aux besoins du marché local, du moins dans l’immédiat. Sans avancer d’échéances précises quant au dégel des quotas à l’importation de véhicules au titre de l’exercice en cours et de celui à venir, le premier responsable du portefeuille de l’Industrie a toutefois indiqué que pour l’année 2024, son département ministériel a déjà procédé à la délivrance de 66 agréments pour l’exercice de l’activité de concessionnaire automobile pour différentes marques et catégories de véhicules. De même, a-t-il précisé dans sa réponse au membre de l’APN, «nous œuvrons en étroite coordination avec le ministère du Commerce pour définir les critères de répartition de ces quotas à l’importation, qui seront liés avant tout au volume des besoins du marché national, à la nécessité de préserver les réserves de change, aux demandes formulées par les concessionnaires et au degré de respect de leurs engagements en termes de réalisation des quotas attribués en 2023, conformément aux exigences du cahier des charges y afférent, notamment en ce qui concerne les parts de ces mêmes quotas non encore consommées». A cet égard, le représentant du gouvernement a tenu à mettre en avant qu’«en application des directives du président de la République et après approbation du Haut conseil de régulation des importations, les 24 premiers concessionnaires agréés, dont 7 pour les véhicules de tourisme et utilitaires légers, avaient accédé durant l’exercice écoulé à une enveloppe financière globale de l’ordre de 2,6 milliards de dollars pour l’importation de 227 232 véhicules, suivant les programmes prévisionnels formulés par chacun d’entre eux».