Entre les lignes: Le monde à l’épreuve du droit de la force

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Dans un monde où les tensions internationales s’intensifient, la frontière entre la force du droit et le droit de la force s’efface chaque jour un peu plus. Le sommet du G20 récemment tenu à Rio de Janeiro en est une preuve éclatante. Loin de renforcer la coopération internationale, cet événement a surtout mis en lumière un ordre mondial fragmenté, miné par les divisions et les luttes d’influence. Les institutions internationales, conçues dans l’euphorie de l’après-guerre, semblent aujourd’hui dépassées par les défis du XXIe siècle.

Prenons l’ONU. Si elle demeure un symbole du multilatéralisme, elle est aujourd’hui paralysée par des contradictions internes. Les secrétaires généraux sont contraints d’opérer sous l’ombre des grandes puissances, piégés par les conflits d’intérêts qui gangrènent le Conseil de sécurité. Sur le terrain, les grandes crises, qu’elles soient militaires ou humanitaires, se règlent souvent en dehors de cette enceinte. La guerre en Ukraine, avec ses menaces de dissuasion nucléaire agitées par la Russie, illustre cet affaiblissement : les règles du jeu sont redéfinies au gré des rapports de force, sans égard pour les principes établis par la Charte des Nations unies.

Sur le plan économique, le tableau n’est guère plus reluisant. Le Fonds monétaire international (FMI), pierre angulaire de la gouvernance économique mondiale, est lui aussi enlisé dans des pratiques obsolètes. Malgré les appels croissants à une réforme de sa gouvernance et à une meilleure représentation des pays du Sud, les puissances occidentales, États-Unis en tête, continuent de monopoliser les décisions. Là encore, la loi du plus fort l’emporte sur les impératifs d’équité et de solidarité.

Et pourtant, les appels à une nouvelle gouvernance mondiale se multiplient. Il s’agit de construire un système capable de répondre aux défis globaux, de la sécurité alimentaire aux crises climatiques, en passant par les conflits armés. Mais cet idéal se heurte à une réalité brutale : les grandes puissances ne semblent pas prêtes à céder du terrain.

Le monde actuel navigue entre incertitudes et désillusions. La force du droit, qui devrait être le pilier des relations internationales, cède de plus en plus la place à une logique où le plus puissant impose ses règles. Cette réalité, amère, laisse entrevoir un avenir où les institutions internationales risquent de devenir de simples spectatrices d’un jeu géopolitique impitoyable.

Jusqu’où faudra-t-il aller pour que la voix de la raison l’emporte sur celle de la force ? Une question qui, malheureusement, reste en suspens.

Par Riad

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