Chez nous, tout commence par une annonce tonitruante et finit en générique de fin sans film. Cette fois encore, le feuilleton s’intitule « La grande guerre contre l’informel ». En avant ça commence : on connaît déjà la fin. Quelques descentes en fanfare et puis silence absolue ! Rien ne change, et surtout pas le scénario.
Un vétéran des trottoirs chassé de son souk improvisé, il y’a quelques temps, revient a son box, questionné par un média, s’est amusé : « Ce n’est pas ma première valse avec les agents municipaux. On attendra que la tempête se calme et on reviendra. Le trottoir est à nous ! » Faut dire qu’ici, ‘’Hadj Koulch machi’, ce maître incontesté de la poudre aux yeux, n’a jamais déçu son public.
La commune, notre Maman, veut récupérer l’espace que son absence a offert. Sauf qu’à force de fausses campagnes et de promesses en toc, même les commerçants informels n’y croient plus. C’est devenu un jeu de cache-cache. Entre les bataillons de élus , qui traquent l’anarchie ‘’soukière’’, et les vendeurs à la sauvette, qui refont surface au premier rayon de soleil, l’opération « coup-de-poing » ressemble davantage à une comédie burlesque qu’à une révolution urbaine.
Dans cette ville métropole où le centre ville et les quartiers se transforment doucement en douars, ‘’Hadj koulchi machi ‘’, le grand nettoyeur de service, promet du sérieux cette fois. « Plus de rigueur, plus de lois, et gare à celui qui résiste ! » Mais entre les menaces musclées et l’absence totale de solutions de rechange, le film s’épuise vite. Où va-t-on mettre tout ce monde ? Mystère. La feuille de route reste un post-it gribouillé sur un coin de bureau.
Les plus optimistes osent rêver d’un vrai ménage. Mais les clairvoyants savent : un élu informel ne mord pas la main qui le nourrit.. Résultat ? Une campagne de plus, sans conséquence.
Dans le prochain épisode, les trottoirs reprendront leurs droits, les marchés informels refleuriront, et l’Absurdité continuera de tourner en rond. À la prochaine fois « Nettoyons l’informel –Netflix saison 100″!
