Les changements politiques et sécuritaires en Syrie, marqués par la chute du régime de Bachar al-Assad, ont poussé les autorités tunisiennes à mettre en place des mesures drastiques pour empêcher le retour des combattants tunisiens partis sur les fronts syriens. Parmi ces mesures, Tunisair a annoncé que les vols en provenance de Turquie seront désormais déviés vers un terminal distinct de l’aéroport international de Carthage.
Les milieux politiques et sécuritaires considèrent cette décision comme une précaution face à d’éventuelles menaces sécuritaires. La chute du régime syrien pourrait entraîner la libération de nombreux détenus, notamment des djihadistes ayant combattu dans des organisations militantes en Syrie. Certains d’entre eux pourraient chercher à retourner en Tunisie, un scénario jugé alarmant par les autorités.
Les vols en provenance de Turquie, identifiés comme un passage clé pour les combattants tunisiens, atterriront dans le terminal secondaire de l’aéroport de Tunis-Carthage. Ce terminal, habituellement réservé aux vols de pèlerinage, est désormais équipé pour un contrôle douanier séparé. Cette mesure vise à renforcer la surveillance et à mieux gérer les potentiels risques associés à ces vols.
Selon Khalifa, analyste politique et expert en sécurité, la Turquie a souvent servi de point de transit pour les Tunisiens se rendant en Syrie. Il prévient que des groupes armés terroristes se redéploient actuellement, utilisant des réseaux transnationaux pour répartir leurs activités dans des régions telles que le Sahel et le Sahara. Ces phénomènes, combinés à la propagation de nouvelles formes de terrorisme déguisé en islam politique, renforcent la nécessité de mesures rigoureuses.
Des organisations de la société civile ont exprimé leurs craintes face au retour de militants via la Turquie, surtout après la prise de pouvoir par des groupes comme Hayat Tahrir al-Sham en Syrie. Toutefois, l’absence de chiffres officiels complique l’évaluation de la menace. Beaucoup de combattants tunisiens auraient été tués dans le conflit syrien, mais on ignore combien sont emprisonnés ou ont été libérés.
La rupture des relations diplomatiques entre la Tunisie et la Syrie en 2012, sous la présidence de Moncef Marzouki, a freiné la coopération sécuritaire et l’échange d’informations entre les deux pays. Bien que le président actuel, Kais Saied, ait rétabli ces relations en 2023, aucune remise de militants recherchés n’a eu lieu, et aucune base de données coordonnée n’a été établie.
Face à une situation régionale instable, la Tunisie continue d’adopter une posture préventive pour protéger sa sécurité nationale. Les mesures mises en place, bien qu’elles ne soient pas infaillibles, illustrent une vigilance accrue face à des défis sécuritaires sans précédent.