L’année 4 marque un tournant préoccupant pour l’entrepreneuriat français : 60 852 dirigeants se sont retrouvés privés de leur activité en 2024, selon le dernier rapport de l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs. Ce chiffre, en hausse de 18 % sur un an, représente un niveau historique depuis la création de cet indicateur en 2015.
Les données collectées par l’association GSC (garante de la protection chômage des indépendants) et le cabinet Altares révèlent une fracture sectorielle. La construction et les transports/logistique soumis à des tensions conjoncturelles aiguës, sont les plus touchés. Les dirigeants de TPE-PME moins armés face aux chocs économiques, figurent parmi les premières victimes.
Près d’un tiers des entrepreneurs concernés pilotaient des entreprises matures (plus de 10 ans d’existence), soulignant que même les structures bien ancrées ne résistent pas à la tourmente.
La région capitale concentre à elle seule 23 % des pertes d’emplois, avec 14 227 dirigeants impactés , une hausse de 25,2 % en un an. Une concentration qui reflète à la fois la densité entrepreneuriale du territoire et sa sensibilité aux retournements de marché.
« Cette hécatombe s’explique par un environnement étouffant : inflation persistante, croissance atone et difficultés de rentabilité qui étranglent les trésoreries », analyse Hervé Kermarrec, président du GSC. Les liquidations judiciaires, qu’elles soient directes ou post-redressement deviennent la norme : « Ces défaillances pulvérisent des records mensuels depuis 2023, effaçant plus de 60 000 emplois de dirigeants cette année. Et 2025 s’annonce plus sombre encore », alerte Thierry Millon, directeur des études chez Altares.
Ce tsunami de fermetures interroge la résilience des dispositifs d’accompagnement et la capacité des pouvoirs publics à adapter leurs soutiens face à une crise qui frappe désormais bien au-delà des jeunes pousses.
