Face au retour du gaz de schiste américain, Alger s’impose de nouveau comme un acteur clé de la sécurité énergétique européenne.
L’Algérie et les États-Unis ne sont pas seulement des partenaires économiques solides, ils sont aussi des concurrents redoutables. Sur le marché du gaz, la rivalité s’intensifie, et le théâtre de cette confrontation silencieuse se trouve en Europe. L’Espagne, en particulier, est devenue le champ d’expression de cette bataille énergétique entre Washington et Alger. Et pour l’heure, c’est l’Algérie qui tient la corde.
Selon les données publiées par « Enagás », l’entreprise gestionnaire du réseau gazier espagnol, le gaz algérien représente « 37,2 % des importations totales de l’Espagne en septembre 2025 », loin devant les États-Unis « 27 %) ». Une performance qui n’a rien d’anodin dans un contexte international dominé par la guerre énergétique déclenchée après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. »
Alors que les flux gaziers russes s’effondraient sous le poids des sanctions, les Américains ont tenté d’imposer leur gaz de schiste à l’Europe, au prix fort et au mépris des équilibres régionaux. Sous la présidence Trump, Washington a usé de son influence politique pour transformer ses partenaires européens en clients captifs. Mais l’Europe, aujourd’hui, redécouvre l’évidence : la proximité géographique, la fiabilité des livraisons et le coût compétitif du gaz algérien font d’Alger un partenaire bien plus naturel que les pétroliers texans.
Le « gazoduc Medgaz », qui relie directement Béni Saf à Almeria, est la clé de cette reconquête. Alors que le gaz américain doit traverser l’Atlantique à bord de méthaniers coûteux et polluants, le gaz algérien, lui, circule en continu sous la Méditerranée. Moins cher, plus rapide, plus sûr. »
Le leadership retrouvé d’Alger sur le marché espagnol n’est pas qu’une affaire de chiffres, c’est une revanche politique. Depuis deux ans, les États-Unis ont tenté de marginaliser les exportations algériennes en Europe en multipliant les contrats de gaz liquéfié (GNL) et en s’appuyant sur une diplomatie énergétique agressive. Mais l’Algérie a résisté. Elle a su maintenir sa crédibilité de fournisseur fiable, même dans un environnement instable, tout en consolidant ses relations avec des partenaires historiques comme l’Espagne, l’Italie et la France.
Ce retour en force s’inscrit dans la continuité d’une stratégie assumée par le président Abdelmadjid Tebboune : replacer l’Algérie au cœur de la carte énergétique mondiale et faire de Sonatrach un levier de souveraineté nationale.
La bataille du gaz entre Alger et Washington dépasse largement les considérations économiques. Elle traduit un « affrontement de modèles » : d’un côté, le pragmatisme d’un partenariat régional fondé sur la proximité et la complémentarité ; de l’autre, l’hégémonie d’un empire énergétique qui cherche à imposer son schiste et ses conditions. L’Europe, elle, oscille encore entre dépendance et autonomie. Mais une chose est certaine : sans l’Algérie, la sécurité énergétique du Vieux Continent vacillerait. Riad






























