Investisseurs : le pari perdu du Maroc?

0
94

Le Maroc est au bord d’un précipice juridique qui pourrait coûter jusqu’à 2 milliards de dollars. La plainte déposée par la société minière britannique Emmerson PLC devant le CIRDI, accusant Rabat d’avoir confisqué illégalement son projet de potasse à Khémisset, n’est pas qu’une affaire de chiffres : elle met en lumière un dilemme stratégique. À l’heure où le royaume cherche à  relancer l’exploitation minière, ce différend pourrait briser la confiance des investisseurs étrangers, un pilier de son ambition économique.

Tout commence avec un projet ambitieux, évalué à 2,2 milliards de dollars, destiné à extraire 700 000 tonnes de potasse par an dans une région stratégique. Mais en 2024, le refus d’une autorisation environnementale, malgré des ajustements proposés par Emmerson, a déclenché la colère de la société. Elle accuse le Maroc d’avoir agi de manière « unilatérale et illégale », violant un traité bilatéral d’investissement. Ce n’est pas la première fois que Rabat se retrouve dans le viseur du CIRDI : en 2024, une condamnation à 150 millions de dollars dans une affaire liée à une raffinerie avait déjà sonné l’alarme. Cette fois, la somme en jeu est vertigineuse, et les conséquences pourraient être explosives.

Ce litige dépasse les aspects financiers. Le Maroc, producteur de phosphate via l’OCP, mise sur des projets comme Khémisset pour diversifier son économie et attirer des capitaux étrangers. Mais comment convaincre les investisseurs si les contrats peuvent être rompus au gré des décisions administratives ? Les 11,2 millions de dollars qu’Emmerson consacre aux frais juridiques témoignent de sa détermination, mais aussi des ressources nécessaires pour défier un État. Sur X, des voix s’élèvent déjà, dénonçant un climat d’incertitude qui pourrait détourner d’autres entreprises.

Le cœur du problème réside dans l’équilibre entre développement économique et respect des engagements. Les préoccupations environnementales, légitimes dans une région frappée par la sécheresse, ne doivent pas servir de prétexte à des décisions arbitraires. Une condamnation du CIRDI, même partielle, risque de ternir l’image du Maroc, déjà mise à l’épreuve par des tensions régionales.

Ce différend est un test pour le Maroc. Une amende de 2 milliards de dollars serait un coup dur, mais la perte de confiance pourrait être encore plus coûteuse. À Rabat, le choix est clair : réparer cette brèche ou risquer de voir ses ambitions économiques s’effondrer. Riad

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici