Le Maroc sans roi…

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Le Maroc traverse une phase de tension extrême. Une colère sourde gronde dans les rues, une jeunesse de plus en plus désabusée manifeste son désespoir, et une série de scandales et de drames vient éroder la légitimité d’un pouvoir verrouillé. Mais plus inquiétant encore : un vide. Celui que laisse un roi absent, dont la santé fragile n’est plus un secret, mais un tabou d’État.

Depuis plusieurs mois, le royaume est confronté à une succession de crises sociales, économiques et institutionnelles. Dans les hôpitaux, les drames se multiplient. À Agadir, plusieurs décès récents ont suscité une vague d’indignation, provoquant des manifestations violemment réprimées. Le chômage des jeunes atteint des niveaux alarmants, tandis que l’inflation étrangle les classes moyennes. Les zones rurales, quant à elles, restent abandonnées, livrées à elles-mêmes. Le mécontentement populaire s’amplifie, et les réponses du pouvoir sont toujours plus autoritaires : arrestations, intimidations, silence.

Mais ce qui frappe le plus, c’est cette absence au sommet. Le roi Mohammed VI n’est plus que rarement vu en public. Ses rares apparitions, souvent informelles ou relayées par des médias étrangers, ne suffisent plus à rassurer. La rumeur devient le seul canal d’information. Qui gouverne réellement ? Le Palais ? Le Makhzen ? Son entourage affairiste ? Une oligarchie de l’ombre ? La question est dans toutes les têtes, y compris dans celles de diplomates étrangers qui, à Rabat, observent avec inquiétude cette opacité croissante.

Le Maroc, pourtant présenté comme un îlot de stabilité dans une région en ébullition, semble au bord d’une déflagration. Le contrat social hérité des années 2000 — stabilité contre immobilisme — ne fonctionne plus. Les jeunes, plus instruits, plus connectés, plus conscients de leurs droits, n’acceptent plus un régime qui leur offre ni perspectives ni écoute. Le mythe du roi réformateur, déjà sérieusement entamé depuis le mouvement du 20 février en 2011, s’effrite face à la réalité d’un pouvoir monarchique absolu et d’un appareil sécuritaire hypertrophié.

La santé du roi devient dès lors une affaire éminemment politique. Car si le monarque est incapable de régner, ou s’il gouverne à travers des intermédiaires non élus, alors c’est toute l’architecture institutionnelle du pays qui vacille. Le Maroc n’a pas seulement besoin de réformes. Il a besoin de vérité. Et de courage politique. À commencer par celui d’un roi qui devrait parler à son peuple, clarifier sa situation, et engager une réelle transition démocratique avant qu’il ne soit trop tard.

Le silence du Palais ne protège plus le trône. Il l’isole. Et alimente une tempête qui pourrait bien tout emporter.  Riad

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