L’annonce de la découverte d’un gigantesque gisement pétrolier au large des côtes marocaines, prétendument capable de couvrir la demande espagnole pendant deux ans ou celle marocaine pendant près de 15 ans, fait encore parler d’elle. Pourtant, il s’agit d’une fausse information, ressurgie de 2022, comme le confirme Jorge Navarro, vice-président de l’Association des Géologues et Géophysiciens espagnols du Pétrole (AGGEP).
Selon Navarro, cette annonce découle d’une mauvaise interprétation des données prospectives fournies par Europa Oil & Gas, détentrice à l’époque du permis Inezgane au large d’Agadir. L’entreprise cherchait alors un partenaire financier pour forer un puits exploratoire, mais les volumes mentionnés dans le document de farm-out n’étaient que des estimations théoriques, loin d’une quelconque découverte.
Pour que les chiffres avancés soient crédibles, il aurait fallu cinq exploratoires et obtenir des résultats positifs pour chacun, une perspective coûteuse et risquée dans un domaine où le taux de réussite est souvent faible. Faute de partenaires financiers, Europa Oil & Gas a abandonné le permis, mettant fin à toute spéculation sur une éventuelle manière pétrolière.
Cependant, cet épisode révèle également les enjeux géopolitiques et économiques qui entourent les ressources naturelles dans la région. L’idée d’une découverte pétrolière suscite inévitablement des attentes au Maroc, où les perspectives énergétiques sont une priorité nationale. Dans un contexte mondial marqué par la transition énergétique, toute annonce, même erronée, est amplifiée par les espoirs d’indépendance énergétique et d’essor économique.
Cette affaire met en lumière le mensonge des médias dans la diffusion d’informations non vérifiées et l’importance de comprendre les subtilités du jargon pétrolier. Ce « mirage d’Inezgane » illustre une réalité économique plus complexe que ne laissent entendre les récits simplistes de découvertes miraculeuses.