Macron en Robin des Bois d’un écrivain controversé !

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Emmanuel Macron, président de la République française, a revêtu le costume de défenseur des libertés et des droits de l’homme lors de la conférence annuelle des ambassadeurs à l’Élysée. Dans un discours largement médiatisé, il a évoqué avec véhémence le cas de Boualem Sansal, écrivain franco-algérien détenu en Algérie. Qualifiant cette détention d’« arbitraire.» Macron s’est posé en champion des valeurs universelles face à ce qu’il perçoit comme un abus autoritaire. Cependant, cette prise de position soulève plus de questions qu’elle n’apporte de réponses, notamment sur les motivations profondes de cette intervention et le double discours qu’elle incarne.

Boualem Sansal, un écrivain controversé, nageant  entre liberté d’expression et provocations calculées, est accusé par l’Algérie d’avoir porté atteinte à l’unité nationale. Ses propos tenus en octobre 2024 sur une chaîne française d’extrême droite, remettant en question l’histoire précoloniale de l’Algérie et glorifiant le Maroc.  Mais pourquoi Macron se montre-t-il si prompt à défendre un écrivain qui, à peine naturalisé français, a choisi de s’exprimer sur des sujets aussi inflammatoires ? Si la liberté d’expression est un principe fondamental, faut-il pour autant ignorer le contexte dans lequel ces propos ont été tenus et les sensibilités historiques qu’ils ravivent ? La question mérite d’être posée.

Le discours de Macron résonne d’autant plus fort qu’il s’inscrit dans une relation franco-algérienne toujours marquée par les blessures du passé. Alors que le président s’érige en défenseur des droits de Sansal, il semble ignorer les revendications légitimes d’un peuple algérien qui attend toujours la reconnaissance des crimes coloniaux commis par la France.

Comment Macron peut-il parler de droits humains sans mentionner le 17 octobre 1961, journée où des centaines d’Algériens pacifiques ont été brutalement réprimés à Paris ? Où est la justice pour les victimes des essais nucléaires dans le désert algérien, qui continuent d’affecter des générations ? Et qu’en est-il des trésors culturels algériens, comme l’épée de l’émir Abdelkader ou le canon Baba Merzoug, toujours détenus en France ?

En se focalisant sur le cas de Boualem Sansal, Macron choisit un angle très spécifique, qui semble moins motivé par un véritable engagement pour les droits humains que par un jeu diplomatique complexe. Ce soutien intervient à un moment où les relations entre Paris et Alger sont déjà tendues, et où la France cherche sans doute à renforcer son influence en Afrique du Nord face à la montée d’autres puissances. Mais cette posture soulève une contradiction flagrante. Si Macron est si soucieux des droits et des libertés, pourquoi ne défend-il pas avec la même vigueur les 46 millions d’Algériens qui demandent justice pour les crimes coloniaux ? Pourquoi les souffrances des victimes des essais nucléaires sont-elles systématiquement reléguées au second plan ?

En fin de compte, le discours de Macron met en lumière une stratégie politique où les valeurs sont brandies comme des étendards quand elles servent des intérêts précis, mais mises de côté lorsqu’elles deviennent gênantes. Boualem Sansal devient, dans ce contexte, une pièce maîtresse sur l’échiquier de la diplomatie franco-algérienne, une cause que l’on embrasse pour mieux détourner l’attention des questions plus profondes. Le déguisement de Robin des Bois, aussi noble soit-il, ne suffira pas à masquer les contradictions d’un discours à géométrie variable.           Riad

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