Sommets arabes : des chapiteaux de deuil ?

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Les sommets arabes et islamiques, censés incarner l’unité et la force collective, ressemblent de plus en plus à des chapiteaux de deuil, où la condamnation verbale et l’indignation symbolique remplacent l’action concrète. Deux exemples récents le démontrent avec éclat : les sommets conjoints de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), tenus à Riyad en novembre 2023 et 2024, pour répondre à l’agression israélienne contre Gaza et les territoires palestiniens.

Le premier sommet, organisé cinq semaines après le déclenchement de la guerre contre Gaza, s’est conclu par une déclaration de 31 points. Le second, un an plus tard, a accouché d’une déclaration presque identique, enrichie de quelques phrases supplémentaires sur les violations en Cisjordanie, au Liban, et dans d’autres régions arabes. Mais au-delà des mots, aucun des deux sommets n’a abouti à des mesures tangibles pour répondre à l’agression ou dissuader l’entité sioniste.

Ces réunions, bien que convoquées dans l’urgence, ont été expéditives, durant à peine quelques heures, et leurs résolutions se sont limitées à des appels à la communauté internationale : exhorter à respecter les droits humains, punir Israël, et mettre fin à la politique des « deux poids, deux mesures ». En revanche, peu d’attention a été accordée aux responsabilités des pays arabes et islamiques eux-mêmes. Aucun appel significatif à des actions directes, comme la fermeture des bases militaires étrangères qui soutiennent Israël, la suspension des relations diplomatiques et commerciales avec Tel-Aviv, ou encore l’arrêt des exportations stratégiques de pétrole et de gaz vers les alliés d’Israël, n’a été formulé.

Pire encore, les déclarations finales semblent ignorer les échecs passés. En 2023, le sommet s’était contenté de mandater des unités de surveillance pour documenter les crimes israéliens et d’encourager des actions diplomatiques pour relancer un processus politique.

Aucune de ces initiatives n’a produit le moindre résultat concret. Pourtant, en 2024, le même langage creux et stérile a été réutilisé, sans la moindre remise en question.

La tragédie réside dans l’écart béant entre le potentiel des mondes arabe et islamique et leur inaction collective. Ces nations disposent d’atouts stratégiques ressources, influence géopolitique, et capacités économiques pour exercer une pression réelle sur Israël et ses soutiens. Mais elles manquent de volonté politique pour les mobiliser efficacement.

Si cette dynamique se poursuit, les sommets arabes et islamiques deviendront les témoins passifs des tragédies successives. Plus que des lieux de décision, ils risquent de se transformer en de simples cérémonies de deuil, entérinant l’impuissance collective face à l’agression continue contre Gaza, le Liban, et potentiellement d’autres nations à l’avenir.

Le temps des discours est révolu. Seules des actions décisives permettront d’éviter que ces sommets ne deviennent les symboles d’une résignation historique. Riad

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