La taiyaba, figure centrale des bains maures, n’était pas seulement une praticienne du soin et du bien-être à celles qui affluent en nombre aux bains, mais également une véritable actrice sociale dans les cérémonies familiales, en particulier dans le cadre des mariages. Elle jouait un rôle crucial d’intermédiaire entre les familles, facilitant les échanges et rapprochant les deux parties dans le but d’une union. En observant les interactions et en écoutant les confidences, elle était souvent celle qui rapportait des informations essentielles concernant les jeunes gens et filles à marier, contribuant ainsi à la préparation des fiançailles. Dans les sociétés traditionnelles, les familles souhaitant marier leurs filles prenaient soin de les exhiber au hammam, créant une occasion pour que celles-ci, soient vues et observées sous un autre jour. En toute intimité et sans la contrainte des regards extérieurs, les jeunes femmes étaient présentées de manière à ce qu’elles soient vues dans leur nudité, une pratique qui permettait aux prétendants potentiels et à leurs familles d’évaluer le profil de la prétendante. C’était un moyen indirect de mesurer la compatibilité de la jeune fille avec les attentes sociales et culturelles du mariage. Le hammam devenait ainsi bien plus qu’un simple lieu de purification physique. C’était un espace où se tissaient des liens familiaux et sociaux, où des alliances étaient secrètement négociées, et où la tayiaba, avec son rôle de confidente et d’intermédiaire, jouait un rôle décisif dans la transmission des traditions et des valeurs.