Le 28 avril 2025, un projet de loi sur le contrôle des stupéfiants et des substances psychotropes a été dévoilé, et il ne fait pas dans la demi-mesure. En introduisant la peine de mort pour les trafiquants et contrebandiers, ce texte, qui modifie la loi n° 04-18 relative à la prévention et à la répression du trafic de drogue, marque un tournant répressif sans précédent. Classant l’incitation à la consommation comme une atteinte à la « sécurité nationale », il prévoit des peines alourdies – de 20 à 30 ans de prison, voire la peine capitale pour les cas les plus graves – et élargit les pouvoirs des autorités pour traquer les réseaux criminels. Mais au-delà de la répression, ce projet ambitionne une approche globale, mêlant prévention, traitement et mobilisation citoyenne. La guerre contre la drogue est déclarée, mais à quel prix ?
Le texte s’attaque à un fléau qui gangrène la société. En renforçant les enquêtes financières sur les biens des trafiquants, en autorisant la publication de leur identité et de leur photo, et en offrant des récompenses aux dénonciateurs, il vise à démanteler les réseaux à la racine. Les institutions publiques et privées seront désormais immunisées par des tests obligatoires de dépistage de drogue, notamment pour les candidats à l’emploi, les étudiants ou encore les employés lors de contrôles périodiques. Une mesure qui, si elle peut dissuader, risque aussi de stigmatiser et de réduire les toxicomanes à leur addiction, au lieu de les accompagner.
Car le projet ne se limite pas à la répression. Il introduit une protection spéciale pour les mineurs toxicomanes : ceux qui suivent une cure de désintoxication avant ou pendant une action publique seront exemptés de poursuites ou de peines. Une lueur d’humanité dans un texte par ailleurs implacable, qui reconnaît la nécessité de traiter l’addiction comme une maladie, et non comme un crime, du moins pour les plus jeunes. En parallèle, la mobilisation de la société civile et des institutions publiques dans la prévention est un signal positif, visant à créer une véritable coalition contre ce « poison » qui menace la santé publique et la stabilité nationale.
Mais la peine de mort, mesure phare de ce projet, soulève une question majeure. Son introduction pour des crimes liés à la drogue serait-elle le bon choix pour éradiquer ce fléau ? Ce projet de loi, en cherchant un équilibre entre répression, prévention et traitement, reflète une ambition louable : éradiquer un fléau qui mine la société. Mais la véritable guerre se gagnera peut-être moins dans les tribunaux que dans les écoles, les centres de désintoxication et les quartiers délaissés. Reste à savoir si ce texte, une fois adopté, saura conjuguer fermeté et justice. Riad