Face à la multiplication d’une nouvelle forme d’escroquerie dans les transports en commun, l’organisation de protection du consommateur Himayatek a lancé un appel à la vigilance. Dans un communiqué publié récemment, l’association dénonce l’émergence inquiétante d’un phénomène de mendicité déguisée, soigneusement orchestré pour abuser de la générosité des citoyens. Depuis plusieurs semaines, des individus investissent les bus, souvent munis de badges plastifiés, prétendant représenter des associations humanitaires. Ils sollicitent des dons en avançant des histoires bouleversantes : un enfant atteint d’un cancer, une femme nécessitant une opération urgente, ou une famille incapable de payer des soins vitaux. Pour crédibiliser leur discours, ils exhibent des vidéos, des photos et même d’éventuels documents médicaux. Cette mise en scène vise à provoquer l’émotion et pousser les passagers à faire un geste solidaire, souvent sans vérification préalable. Le phénomène, particulièrement visible dans les grandes agglomérations comme Alger, Oran, Constantine et autres wilayas, semble suivre un scénario bien rôdé. Une personne, parfois accompagnée d’un complice, monte à bord d’un bus bondé, s’adresse aux passagers avec gravité, puis entame un récit pathétique. Les images présentées renforcent l’impact émotionnel. Dans la confusion du moment, plusieurs voyageurs, émus, sortent leur portefeuille. Témoignages à l’appui, Himayatek alerte sur la sophistication croissante de ces arnaques. Leïla, une étudiante, raconte : « L’homme avait un badge en plastique et une pile de papiers. Il a parlé d’un garçon brûlé, en montrant des images choquantes. Beaucoup ont donné. Mais après vérification, l’association n’existait pas. » Yacine, chauffeur se souvient d’un adolescent de 14 ans muni d’un faux certificat d’hôpital : « Il m’a semblé bien entraîné. Quand j’ai posé des questions, il a évité de répondre. »Certains chauffeurs, lassés par ces pratiques, commencent à intervenir. « Je demande à ces personnes de descendre dès que je repère un badge suspect. On ne peut pas rester passifs », confie un conducteur de bus à Mostaganem. D’autres témoins évoquent l’usage d’enfants pour accentuer l’impact émotionnel, rendant ces pratiques encore plus choquantes. Au-delà de l’escroquerie financière, ce phénomène engendre une méfiance généralisée.
